Alex Builds His Farm Entretien avec Catherine Roy, Chef de Projet Q. : Pourquoi Ubi Soft a-t-il conçu des CD-ROM mettant en vedette les jouets Playmobil ? Nous avons tous joué aux Playmobils ! Lorsque notre bureau de Paris a décidé d'élaborer une nouvelle gamme de jeux pour toute la famille, il y a deux ans, l'idée d'intégrer les jouets de plastique Playmobil à notre univers tridimensionnel est donc venue spontanément. Alain Tascan et Jean-Michel Detoc ont alors créé un petit film de démonstration en 3D mettant en vedette les célèbres personnages. Cette vidéo leur a servi à établir un premier contact avec Playmobil lors de la foire du jouet de Nuremberg, en 1996. C'est comme si un de nos rêves d'enfant venait de se réaliser... Playmobil est tout de suite tombé sous le charme. Ses représentants ont été si étonnés par la qualité des graphismes et des animations de notre vidéo de 30 secondes, qu'ils ont rompu sur-le-champ les négociations amorcées avec un autre créateur de logiciels afin de signer un accord de licence avec Ubi Soft. Playmobil a choisi de s'associer avec nous en raison de la qualité de nos jeux, mais surtout, parce que nous partagions la même philosophie : lorsque nous pensons à la production de jeux et au divertissement familial, la qualité et priment. Notre entente va au-delà d'une simple acquisition de licence. C'est une véritable coopération où la compétence de chaque partenaire est utilisée à son maximum. Q. : Pourriez-vous nous raconter comment s'est passée votre collaboration avec Playmobil ? Nous nous sommes immergés totalement dans l'univers Playmobil. Le siège social de Geobra Brandstätter, l'entreprise qui a créé les célèbres jouets il y a vingt-six ans, est situé en Allemagne. Même si Playmobil a connu une croissance très rapide, la structure familiale reste toujours omniprésente. Avant de pouvoir établir les bases d'un premier jeu, notre partenaire trouvait très important que nous obtenions d'abord le " sceau d'approbation de Playmobil ". De notre côté, nous jugions essentiel de comprendre ce qui rendait ces petits êtres de plastique si populaires. Nous voulions savoir ce qui fait dire aux parents : " Même si mon enfant en a déjà une centaine, il en veut toujours de nouveaux. "... Ou encore pourquoi les plus jeunes gardent-ils le catalogue Playmobil sur leur table de chevet et le considèrent-ils comme leur livre d'histoires préféré? Notre équipe s'est donc rendue en Allemagne afin de visiter les locaux et l'usine de Playmobil. Le personnel nous a alors fait profiter de ses connaissances et de son expérience pour que nous puissions comprendre les principaux facteurs de réussite des jouets Playmobil. L'équipe allemande a été très présente à toutes les étapes de l'élaboration du projet. Elle est même venue à Montréal pour s'assurer que nous respections l'image de Playmobil et que l'identité de ses jouets était intacte : couleurs, taille, formes, esprit de l'histoire... nos visiteurs se sont révélés extrêmement pointilleux ! En fin de compte, tout s'est bien passé! Ils ont eu l'air d'adorer ce qu'étaient devenus leurs petits bonshommes de plastique. À vrai dire, Hans Brandstätter, le président de Geobra Brandstätter qui a la réputation d'être très exigeant, n'en croyait pas ses yeux. Quand il a vu les jeux, il s'est exclamé : "Comment est-ce possible?"... Tout était dit! Q. : Pourriez-vous nous parler des équipes de production et des jeux? La production des trois jeux a été confiée à Alain Tascan qui, jusqu'à tout récemment, était chef de projet dans notre bureau de Paris. Il s'occupait alors de la réalisation de logiciels ludoéducatifs destinés aux enfants. Catherine Roy et moi-même constituons le noyau de l'équipe. À titre de chef de projet, Catherine Roy est responsable des jeux " Alex à la ferme "ainsi que de "Laura et le secret du bonheur" tandis que je m'occupe de "Hype - The Time Quest ". Nous travaillons en collaboration avec diverses jeunes personnes pleines de talent que nous avons recrutées avec le plus grand soin : concepteurs de jeux, graphistes, programmeurs et scénaristes originaires pour la plupart du Québec, au Canada. Plus de quatre-vingt personnes s'affairent actuellement à réaliser les projets. Q. : Vous venez de créer un jeu pour les enfants. De quoi s'agit-il au juste? C'est un jeu en trois dimensions qui s'adresse aux enfants de quatre ans ou plus. L'action se passe dans la ferme de Playmobil. Le joueur doit aider Alex, un petit bonhomme curieux, à devenir un fermier modèle. Dès qu'il a construit les différents bâtiments de la ferme, Alex les explorer. Il découvre alors tout un monde d'animations aussi intelligentes qu'amusantes. Alex peut jouer avec les animaux et faire appel aux membres de la famille qui le guideront au cours de son exploration. Chaque bâtiment offre des dizaines de jeux et d'animations amusantes qui divertiront les enfants et leurs parents, pendant des heures. Q. : Qu'est-ce qui vous a poussés à utiliser la ferme de Playmobil comme cadre du jeu? La ferme est le lieu que les jeunes enfants préfèrent. Tout le monde sait que les animaux, et en particulier les animaux de la ferme, ont toujours fasciné les tout-petits. Souvent, ce sont même leurs premiers amis! Nous avons aussi fait ce choix conjointement avec Playmobil qui, depuis des années, multiplie tests et vérifications afin de s'assurer que la collection de la ferme est toujours aussi populaire auprès de notre public cible. Q. : Qu'est-ce qui distingue " Alex à la ferme " des autres produits ludoéducatifs? " Alex à la ferme " se distingue de bien des façons. D'abord, c'est le premier jeu 3D offert à une clientèle aussi jeune. De plus, l'enfant a la possibilité de réaliser diverses constructions à l'aide des véritables éléments Playmobil. Il peut détruire et reconstruire les bâtiments selon sa fantaisie. L'enfant joue toujours un rôle actif même durant l'exploration. Tous les environnements présentent de nombreuses possibilités d'interaction qui ont une influence réelle sur le déroulement de l'histoire. Enfin, il y a tellement de choses à faire et à découvrir que le jeu peut durer des heures... Q. : Avez-vous fait des recherches sur votre public cible? Si oui, quelles sont vos conclusions en matière de logiciel et d'ordinateur pour les enfants? Nous avons rencontré des groupes d'enfants préscolaires et de maternelle afin d'observer comment ils réagiraient face à l'ordinateur et de savoir s'ils étaient capables de se servir de la technologie 3D. Certains enfants n'étaient pas du tout familier avec l'ordinateur, tandis que d'autres étaient très à l'aise. Ceux qui touchaient à l'ordinateur pour la première fois ont eu besoin d'un temps d'adaptation plus long, mais ils ont vite rattrapé les autres. Le fait que le jeu soit en trois dimensions n'a, par ailleurs, posé aucun problème. Les tout-petits pouvaient se mouvoir facilement dans l'espace même s'il y avait un effet de profondeur. À vrai dire, ils ont adoré ça! Q. : Comment avez-vous transposé dans le jeu ce que la recherche vous a appris? Nous nous sommes rendu compte que les jeunes enfants pouvaient utiliser la technologie 3D et qu'ils aimaient bien les sensations fortes qu'elle leur procurait. Alors, nous nous sommes lancés dans le 3D en nous efforçant d'intégrer certains éléments qui avaient semblé leur plaire au moment des tests : la glissade et la course de poneys par exemple. Q. : Qu'est-ce qui fait que ce jeu convient particulièrement bien aux jeunes enfants? D'abord, l'action se déroule dans un lieu où les tout-petits se sentent bien : la ferme, les animations sont amusantes et l'humour est très présent, du début à la fin. Ensuite, le jeu est facile à comprendre et les graphismes leur plaisent beaucoup. Enfin, les petits bonshommes sont sympathiques et le joueur peut facilement s'identifier au personnage principal. Q. : Sur quelle plate-forme fonctionne le jeu? Sur PC. Q. : Combien de temps a demandé la réalisation de ce jeu? Nous y avons consacré douze mois, pré-production incluse. Q. : Les graphismes présentent une grande richesse. Pourriez-vous nous parler un peu du moteur et de l'équipe de programmation? Le moteur désigné sous le nom de " ACP " est une variante de celui que nous avons mis au point pour Tonic Trouble. Une quinzaine de programmeurs participent aux projets. Q. : Comment avez-vous réussi à créer un jeu aux mouvements fluides à partir de jouets plutôt rigides? Nous avons d'abord tenté de coller complètement aux jouets, mais nous nous sommes vite rendu compte que leurs bras et leurs jambes raides ne permettaient pas d'avoir une flexibilité très grande. Essayez d'imaginer un bonhomme Playmobil qui grimperait sur une échelle sans plier les genoux ou qui mangerait une soupe en gardant les bras raides!... En accord avec Playmobil, nous avons décidé de donner un peu plus de souplesse aux petits bonshommes. Nous avons donc articulé leurs bras et leurs jambes. Maintenant, les mouvements ont l'air beaucoup plus fluides. En revanche, lorsque le petit bonhomme s'immobilise, il reprend aussitôt la pose Playmobil. Dans tout ce que nous faisons, nous nous assurons de toujours garder l'image Playmobil. Q. : Avez-vous testé ce jeu auprès des jeunes enfants? Si oui, quelle a été leur réaction? Dès qu'un univers du jeu a été prêt, nous sommes allés le montrer à des groupes d'enfants préscolaires. Ils ont beaucoup plu aux enfants qui actionnaient sans cesse les mêmes animations, en riant toujours autant à chaque fois. Les tout-petits ont été épatés par les graphismes et par la liberté de mouvement dont ils jouissaient dans l'environnement. Si vous aviez pu les entendre! " Tu as vu? J'ai découvert un nouvel endroit! (...) Oh elle est belle la vache! " Leur enthousiasme était évident... Q. : Comment se sont-ils débrouillés avec les commandes du clavier? À vrai dire, plutôt bien. Les parents étaient un peu sceptiques. Ils n'étaient pas sûrs que leur enfant pourrait se servir du clavier, et pourtant ils se sont vite adaptés. Ceux qui avaient déjà accès à un ordinateur ont évidemment été plus rapides que les autres. En général, au bout de quinze ou vingt minutes, même les moins initiés sont arrivés à bien diriger Alex. Leurs parents étaient très surpris. On sous-estime souvent la capacité d'adaptation des enfants. Q. : Quelle configuration est nécessaire pour la version PC? Il faut un Pentium 166 MMX avec 32 Mo de RAM et une carte d'accélération 3D. Par contre, nous recommandons fortement d'avoir un Pentium 200 MMX avec 32 Mo de RAM et une carte d'accélération 3D. Q. : Ce jeu pour enfants nécessite beaucoup de puissance. Pourquoi avez-vous choisi de développer ce jeu avec ce moteur Cette décision va dans le sens de la stratégie de développement générale de Ubi Soft. Nous avons mis au point en interne un moteur de jeux 3D à la pointe de la technologie. Il était pour nous évident que l'association entre les jouets Playmobil et le savoir faire Ubi Soft devait donner naissance à une nouvelle génération de jeux vidéo pour enfants. Etant donné le soin mis dans la conception de ces jeux, nous sommes persuadés qu'ils auront avoir une durée de vie très longue. Nos concurrents vont avoir de la difficulté à atteindre un niveau de qualité aussi élevé car nous avons choisi de mettre au point un jeu qui utilise aujourd'hui la technologie de demain. De plus, nous sommes convaincus que nos jeux pourraient faire progresser les ventes d'ordinateurs familiaux. Intel partage d'ailleurs notre avis : la compagnie s'est montrée très intéressée par nos produits. Au salon de l'E3, lorsque Intel a présenté nos jeux sur ses ordinateurs, un de ses représentants a déclaré : " Le jeu Ubi Soft/Playmobil est vraiment le top du top. C'est ce qui se fait de mieux au monde pour les enfants en matière de jeux vidéo. Quand on m'a montré ces jeux, la semaine dernière à Paris, j'en suis tombée de ma chaise! " Q. : Quelles cartes 3D permettraient de tirer le maximum du jeu? La carte 3DFX ou toute autre carte compatible avec DirectX.